"Les livres ne remplacent pas la vie, ils l'élargissent.
"Françoise Gasparri

jeudi 13 décembre 2007

Louis Gerriet, Prince du rêve

Il y a trente ans, le 11 octobre 1977 disparaissait à Nancy, un écrivain, un poète , un journaliste injustement oublié aujourd’hui : Louis Gerriet.
Né à Parcey en 1902, il vit une enfance heureuse entres les bois et les bords de la Loue, auprès d’un père admiré : le boulanger de Parcey. Bon élève, il se sent très vite attiré par l’écriture. Son fils Bernard confira plus tard : « Je n’ai connu de mon père qu’un seul hobby : la passion d’écire.
En 1925, il devient journaliste et adhère quelques temps plus tard à la société des Gens de Lettres. En 1930, il débute une collaboration fructueuse avec son frère René, qui donnera plusieurs romans à quatre mains. Ils sont vite remarqués, puisque en cette même année les éditions parisiennes Denoël et Steel, éditeurs de Céline, Aragon, Antonin Artaud et de Léon Daudet, entre autre, annoncent à grand renfort de publicité : « Les éditions Denoël et Steel, qui publient les meilleures ouvres des jeunes écrivains annoncent : La maladie au village par Louis et René Gerriet ». Plusieurs romans suivront toujours édités par Denoël et Steel.
En 1933, ils rejoignent les Editions des Portiques et se retrouvent Goncourable avec « La belle du hameau ». Mais comment lutter cette année contre le jeune Malraux et sa « Comédie humaine ?
Cet échec marque Louis Gerriet et il en éprouvera toute sa vie une certaine rancune vis à vis du monde littéraire parisien .
Prisonnier en 1939, il passe 5 années en déportation. De retour en Bourgogne, il retrouve son poste au « Progrès de la Cote d’Or ». Il reprend goût à l’écriture, seulement le monde littéraire l’a oublié et les romans paysans sont en perte de vitesse. Que cela ne tienne, il se fait publier par des éditeurs régionaux : La Riole, en 1946 ; Le Bourguignon malgré lui en 1958, Les clous de Pégase en 1964. Il obtiendra deux prix littéraires : Le prix Pergaud avec le « Dernier testament e, 1972 et le Prix Jean de La Fontaine en 1975 avec son recueil : « Les fables de Coucanlou ». Comme journaliste, il obtiendra un très grand succès avec ses chroniques à « Dupond-Moyen ».
Que reste-t-il de l’œuvres de Louis Gerriet aujourd’hui ? Tous ses romans, recueils de fables ou de poésies, ses chroniques, ont quittés depuis longtemps les rayons de nos librairies. Pourtant, cet ami de Marcel Aymé mériterait d’être rééditer. Pour trouver les productions, il faut chiner chez les brocanteurs et autres marchands de vieux papiers. Alors si il vous arrive dénicher une de ces œuvres, ne passez pas à côté d’une belle découverte littéraire. L’écriture de Louis Gerriet est une écriture très poétique et sensible.
Je vous conseille plus particulièrement la lecture de :
La Belle du hameau, 1931.
Une jeune veuve, qui a vécu à la ville revient dans le hameau qui l’a vu naître. Elle cherche à se faire une nouvelle vie. Bientôt, elle tombe amoureuse de Justin, braconnier, marié à l’une de ses amies. Mais Justin n’aime que la chasse et les bois. Il résiste, cède et reprend sa liberté préférant l’indépendance. Ce roman d’amour et de chasse n’est pas sans rappeler le « Raboliot » de Maurice Genevoix.
Delphin l’enchanteur, 1932.
Encore une fois ce roman traite de l’âme d’un village. On dit de Delphin, sorcier, enchanteur, venu d’on ne sait d’où, qu’il est dangereux. Le Bien, le Mal qui arrivent au village c’est à lui que les habitants les attribuent. Lorsque qu’un jour, la belle Norine tombe malade et devient folle s’en est trop. La peur se glisse dans l’air. Il est temps d’en finir avec l’étranger, le sorcier. Tout le village s’en mêle. La folie s’empare des habitants.
Mais laissons le mot de la fin à Louis :

« Mais vrai prince du rêve, il m’arriva peut-être
de me croire un peu roi
devant une aube claire et appeler fenêtre
ma lucarne parfois. »

1 commentaire:

Rémy Cassal a dit…

Bonjour,
A la veille de mon déménagement, je retrouve un titre de Louis GERRIET, "Le" Bourguignon malgré lui"édité chez L'amitié par le livre avec des illustrations de Michel Frérot. Volume étonnant paru en 1958. Au-delà d'un roman populaire et rural, il reste un ton vivant et un effet comique intéressant. Comme quoi les bouquinistes nous réservent toujours de bonnes surprises. je ne regrette pas d'avoir "sauvé" ce livre. Merci de prolonger l'écho de cet auteur.
Rémy Cassal (un autre Bourguignon de Chitry le Fort)